Retraites : le simplisme est du côté du gouvernement

Publié le par Félix M.

Comme pour les heures supplémentaires, la posture censément réaliste et pragmatique du pouvoir en place sur les retraites n’est finalement que la manifestation du simplisme de ses slogans en matière économique.

)

Travailler plus longtemps, ou donner du travail à ceux qui en voudrDSC00313-copie-1.JPGaient?

  Ainsi, devant les déficits de financement, l’allongement de l’espérance de vie devrait mécaniquement conduire à la nécessité d’un report de l’âge légal de départ à la retraite… Une logique qui pourrait s’entendre si on vivait dans une société de plein-emploi. Mais à partir du moment où des jeunes comme des seniors n’arrivent pas à trouver du travail, comment peut-on prétendre que la minorité de seniors arrivant à conserver son travail jusqu’à 60 ans devrait le faire plus longtemps ? (Ce qui revient de plus à baisser les pensions de retraites de ceux qui ont subi le chômage). Le PS n’est pas dans le « dogme » mais dans la justice sociale élémentaire lorsqu’il refuse le 002.JPGreport de l’âge  légal, et lorsqu’il met l’accent sur l’emploi des seniors comme préalable à toute modification du temps de cotisation. Mais il n’a pas été assez loin sur ce dernier point, en ce qu’il n’a pas rejeté l’idée générale selon laquelle l’augmentation de l’espérance de vie ferait de l’augmentation des années de travail un mal nécessaire. C’est oublier de prendre en compte le progrès technique : alors qu’une même quantité de travail humain permet  de produire davantage qu’avant, pourquoi cette meilleure productivité ne permettrait-elle pas de diminuer la proportion de vie active dans la vie ? Pourquoi cette marge ne se répercuterait que sur les profits du capital ?

 

Si on considère donc que l’existence d’un fort taux de chômage suffit à discréditer l’idée qu’il faudrait nécessairement travailler plus longtemps, c’est donc bien du côté des financements qu’il faut chercher des solutions, comme le propose la réforme alternative du PS, avec une hausse modérée des cotisations sociales, et surtout une diversification des sources  en se mettant enfin à taxer le capital et ses profits qui connaissent si peu la crise.

 

Anticiper en fonction de la pénibilité, ou attendre la maladie?DSC00030.JPG

À ce sujet, la question de la prise en compte de la pénibilité du travail et de la prise en compte des écarts d’espérance de vie montre de quel côté est le dogmatisme, avec un alignement exemplaire du gouvernement sur l’idéologie du MEDEF. Proposer cyniquement une prise en compte individualisée de la pénibilité sur la foi de certificats médicaux, c’est nier le caractère objectivement usant de certaines activités, c’est suggérer qu’il faudrait attendre que le travailleur soit malade pour penser à sa retraite. Ça revient donc finalement à ne pas prendre en compte cette pénibilité, à l’inverse de ce que propose le PS.

 

 

.

 -> Les propositions du PS

 


"L'inélégance" et la "vulgarité" du petit sucesseur de Tonton041.JPG

En marge de ce sujet, les attaques de Sarkozy à l’égard de son prédécesseur François Mitterrand  et les polémiques qui ont suivies montrent la fébrilité du régime actuel. (Certes, à la décharge de l’actuel Président : il fait davantage honneur à Tonton en crachant sur sa tombe, que s’il essayait de récupérer sa mémoire comme les opportunistes de son acabit ont la fâcheuse tendance à le faire avec les disparus plus grands qu’eux). Mais tout de même, Martine Aubry ne faisait qu’énoncer une évidence en dénonçant l’inélégance et la vulgarité de ces attaques à l’égard de ce grand Président qui n’a fait qu’appliquer une des grandes propositions pour lesquelles il avait été élu en 1981. Le concert de réactions indignées de l’UMP est assez comique : il est assez culoté que de crier à la malpolitesse de celle qui vous tire les oreilles après vous avoir surpris à uriner sur une illustre pierre tombale.

 

Paroles, paroles, postures

Picture-0723.jpgDans le cadre de cette polémique, il est regrettable de constater que le besoin de se dégager un crédo individuel amène des individus respectables comme le prédecesseur de Martine Aubry, à s'inventer une posture morale qui n'avait pas lieu d'être en lui reprochant ses répliques cinglantes à Sarkozy, au lieu de faire bloc autour de la Première secrétaire et de la mémoire commune de notre pays que représentent Mitterrand et la retraite à 60 ans. Tout comme le président du FMI parlant de dogme à propos de ce qui n'en est pas un, ou le maire de Lyon cédant à la posture pseudo-moderniste des sociaux-libéraux quand la convention socialiste prétendument archaïque l'était beaucoup moins que lui... La modernité est dans ce coup de barre à gauche, pas dans le social-libéralisme post-reagan et Thatcher. Le PS va mieux, tant mieux... Et tant pis si certains cèdent encore au jeu de la posture individuelle, ils n'empèchent plus leur parti de fonctionner.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article