Rémunératrice déconfiture idéologique pour les libéraux

Publié le par Félix M.

 

Pour Noir-Brillant, le faux  journal qui pose les vraies questions

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Le camp desCopie-de-DSC00671-copie-1.JPG partisans de l’intervention publique, tout en déplorant les conséquences de la crise économique démarrée en 2008, a eu raison de souligner la défaite idéologique des partisans du laisser-faire et du tout-marché. Mais aujourd'hui, tandis que les manchettes de journaux annoncent à tout-va le retour de la spéculation et des vieilles pratiques, la révolution avortée a un gout ironique d’arroseur arrosé… aux idéologues de gauche la victoire idéologique, aux libéraux (très) pragmatiques les revenus indemnes grâce à la collectivité… Collectiviser les pertes pour mieux privatiser les profits, l’antienne est bien connue, mais on a oublié de la voir venir malgré ses gros sabots.

 

Le néolibéralisme terrassé... intellectuellement...

Sur fond de rémunérations ahurissantes, de produits financiers douteux, de ménages surendettés et de récession, la crise économique démarrée en 2008 était sensée faire table rase du passé et de l’idéologie libérale. Les nationalisations de banque opérées dans les pays les plus libéraux ont été célébrées comme l’ultime apothéose d’un retournement d’idéologie dominante. Comme pris la main dans le sac et rattrapés par les faits, plus jamais les néolibéraux n’oseraient donner de léçons. Être libéral en 2009, c’était comme être communiste en 1990.

 

Un arrière-goût d'arnaque

Puis 2010 est donc arrivé. Après s'être ennivrés, cessons de voir rouge et revenons-en aux choses sérieuses : on nous annonce que c’est reparti. Rémunérations du CAC 40 renouant avec les ascensions en flèche, dividendes ne connaissant plus la crise, stock-options et autres joyeusetés… Heureusement que les libéraux à la tête des États ont des principes,  l’État n’est pas là pour spéculer1 : en revendant les actions des banques qu’ils ont renfloué au prix dérisoire qu’ils les ont acheté, les États offrent la différence aux acheteurs privés qui s’empresseront de les revendre, se faisant une confortable plus-value sur le dos du contribuable (il ne manquerait plus que l’État s’ingère dans l’économie !). C’est après l’avoir réarmé que le président Obama se pique de ses déclarations les plus fermes envers Wall Street. Comme si, dans l’empressement qu’il y avait à remettre les bourses à flot, les états avaient oublié que leur position de force ne serait pas éternelle. Comme s'ils avaient oublié que les banques n'avaient aucun scrupule à leur vendre à des taux d'intérets exorbitants l'argent frais et bon marché qu'elles réccupèrent auprès des banques centrales. Peut-être comptait-on sur la reconnaissance des banques qui, après avoir bénéficié d’injections publiques sans intérêts, n’oublieraient pas leur dette morale envers le contribuable.

 

3160495581_c51805f8f2.jpgLa souplesse d'une idéologie lorsque la morale ne l'encombre pas

Tandis que les rémunérations des actionnaires et la spéculation repartent vers de nouveaux sommets, l’idéologie libérale se remet d’aplomb, un peu comme les partisans exégétiques des textes saints corrigeant le tir tant bien que mal, lorsque leurs dogmes heurtent les vérités scientifiques et les faits. Ainsi donc, la correction ponctuelle des mécanismes du marché ferait finalement partie des attributions de l’état régalien, lorsqu’elle s’avérerait nécessaire par accident de l’Histoire. Nationaliser une banque en temps de crise serait comme prélever de gros impôts en temps de guerre : un mal nécessaire. Pas de quoi fouetter un chat, le catéchisme libéral peut repartir prêcher les vertus du marché. Si, sur leur chemin, ses apôtres sont amenés à croiser des contribuables se formalisant à la vue des dividendes du capital et du contraste avec leurs propres revenus, c’est armés de patience qu’il faudra leur rappeler les réalités : il faut être grand, arrêter de vouloir se faire materner par la puissance publique, tout cela ne regarde strictement pas l’État. Et surtout, si vous voulez être riches, vous n’avez qu’à prendre des risques !

 

1 Christine Lagarde : "C'est vrai qu'on n'a pas fait de la spéculation. Mais notre politique, c'est précisément de lutter contre la spéculation" Voire article de l’Expansion, L'Etat aurait-il dû spéculer sur BNP-Paribas? :  http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/l-etat-aurait-il-du-speculer-sur-bnp-paribas_202139.html

               

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